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Argumentaire

       Avec la massification de l’enseignement supérieur depuis les années 80 en Europe, l’échec universitaire et le taux d’abandon, particulièrement élevé en première année, s’est posée, dans les universités occidentales, la question des pratiques pédagogiques des enseignants et de l’apprentissage des étudiants. Se profilaient ainsi la question de la formation des enseignants du supérieur et celle de la « pédagogie universitaire». On entendait par là que les modes d’enseignement à l’université étaient trop magistraux, moins adaptés aux « nouveaux étudiants » et/ou trop disciplinaires, ce qui pouvait expliquer, en partie, l’échec ou le décrochage universitaire dans l’enseignement supérieur massifié.

         L’émergence des technologies de l’information et de la communication (TIC), au début des années 90, semblait être un moyen particulièrement intéressant pour modifier  les pratiques pédagogiques  des enseignants du supérieur. Dans l’expérience nord-américaine, les TIC ont participé à développer une réflexion critique des pratiques enseignantes et une prise de conscience plus large vis-à-vis de la formation pédagogique des universitaires. On estimait que ces technologies allaient contribuer à la transformation de  l’apprentissage comme on pouvait le lire dans l’introduction de l’ouvrage de Karsenti et Larose :

       «Dans un monde où l’explosion des technologies numériques bouleverse les modes d’accès aux savoirs, les enjeux fondamentaux de l’intégration des TIC en pédagogie universitaire se traduisent par une modification profonde de la tâche du formateur, de l’organisation de l’enseignement, de la conception de l’apprentissage, voire de la façon dont l’étudiante ou l’étudiant s’approprie la connaissance» (TIC et pédagogies universitaires, 2001).

         Dix années plus tard, on peut confronter cette hypothèse à la réalité et se demander quels sont les impacts effectifs des TIC sur le curriculum universitaire, les pratiques pédagogiques et l’apprentissage étudiant. Bien que  les travaux de Raby, Karsenti, Meunier et  Villeneuve (2011) reconnaissent qu’il y a une réelle introduction des TIC dans l’enseignement supérieur, ils conviennent également qu’il n’existe pas de réel « bouleversement » dans la manière d’enseigner des enseignants. Les  auteurs notent que « dans ce contexte d’un usage accru, mais souvent traditionnel des TIC en pédagogie universitaire, il convient de se demander si les TIC viennent nécessairement enrichir, rehausser ou approfondir les apprentissages qui se réalisent à l’université ».

          Dans ce sens, on observe, depuis plusieurs années, un peu partout dans l’enseignement et l’apprentissage du français, langue seconde ou langue étrangère, dans le supérieur, un intérêt grandissant pour le recours à l’ordinateur, à l’Internet, au multimédia et autres TIC. Pour beaucoup d’enseignants, les TIC permettent un enseignement plus intéressant et parfois ludique, grâce à l’utilisation de logiciels qui servent à travailler l’écoute, la prononciation, la compréhension orale, la grammaire, en respectant les rythmes d’apprentissage de chaque apprenant. L’usage des TIC tend aussi à favoriser un dialogue intergénérationnel entre les étudiants, souvent plus familiers et ouverts aux outils numériques, et les enseignants. On est cependant obligé de constater que certains  pays du sud, plus particulièrement ceux du Maghreb, accusent un retard important dans l’utilisation des TIC. Alors que le coût de l’usage des outils numériques diminue et que les établissements universitaires sont généralement bien équipés, les effets attendus tardent à se concrétiser ou se font attendre. Ces ressources sont beaucoup plus souvent utilisées pour télécharger des documents, envoyer et recevoir des mails, accéder aux réseaux sociaux, chater, jouer en ligne… De plus, ces usages semblent viser davantage les aspects techniques des TIC sans s’intéresser à une nouvelle culture pédagogique ou à un bouleversement ergonomique de l’université.  Autrement dit, les établissements sont bien numérisés mais sans pouvoir entrer effectivement dans une logique numérique intégrale et décloisonner les espaces et les dispositifs (hors classe/classe, hors université/université). Bien que les textes officiels de chacun des pays maghrébins incitent à l'utilisation d'outils informatiques, l’enseignement reste essentiellement livresque, l’importance étant accordée aux composants de l’ordinateur, aux systèmes d’exploitation ; l’informatique est enseignée comme discipline indépendante sans aucun lien avec les autres matières, sans aucune application pédagogique.

      L’objectif de ce colloque est de questionner l’efficacité de l’introduction, voire de l’intégration, des TIC dans l’enseignement supérieur, notamment dans l’enseignement-apprentissage des langues. Le colloque sera l’occasion de faire un état des lieux de l’utilisation des TIC dans l’enseignement supérieur maghrébin et plus particulièrement dans l’enseignement du et en français, d’interroger l’usage que font les étudiants et les enseignants de technologies institutionnelles ou personnelles, de présenter les résultats de travaux empiriques démontrant le degré d’intégration et l’apport des TIC dans l’amélioration de  l’apprentissage des étudiants.  Il s’agit de contribuer aux débats critiques autour de l’usage des outils numériques et de repérer les décalages observables entre les effets attendus et les changements réels dans le curriculum et la culture universitaire.

 

Axes du colloque(à titre indicatif)

  • Axe 1 : Usage et non usage des TIC dans l’enseignement
  • Axe 2 : TIC, pédagogie universitaire et innovation pédagogique
  • Axe 3 : TIC et didactique des langues et des cultures
  • Axe 4 : Efficacité, équité et efficience des TICE

 

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